Les visions et les voix : lyrisme méditatif dans Les Divins Eslancemens de Claude Hopil

Dans Les Divins Eslancemens de Claude Hopil (1628), le sujet lyrique se dit "créé pour voir la sainte Trinité" et "créé pour chanter" la gloire divine. Ces deux aspirations, portées par une égale ferveur, conduisent à une situation aporétique: le sujet ne cesse de faire l'expérience de l'invisibilité divine et sereconnaît volontiers inapte à louer la Trinité ou simplement à en parler. Le terme "confus", qu'il emploie à plusieurs reprises pour évoquer son état lorsqu'il chante et adore le Dieu trinitaire, est porteur d'implications poétiques et éthiques décisives pour le recueil: la confusion, attitude de profonde humilité, peut en effet expliquer le délitement de la parole poétique mis en scène au long des cantiques et elle peut être comprise comme un état diamétralement opposé au furor poeticus connu par nombre de poètes du XVIe siècle.

Se déploie ainsi une ample méditation sur l'invisibilité divine, sur la difficulté de concevoir et louer un Dieu un et trine. Cette méditation lyrique exprime sa prétendue déficience en laissant percevoir les échos affaiblis de paroles dignes et magnifiques, celles des anges, des saints, voire celle de Dieu lui-même. [Résumé par l'éditeur]